L’Alpstein, dans le pays d’Appenzell, est l’une des régions les plus fréquentées de Suisse. Le Säntis et son sommet à 2502 mètres d’altitude attirent depuis longtemps les cortèges de randonneuses et randonneurs. La première auberge a ouvert au sommet en 1846; 40 ans plus tard, des plans pour un train sur le Säntis étaient élaborés. Il aurait conduit d’Appenzell au sommet, en passant par Wasserauen, la vallée de Seealp et Meglisalp. Faute de financement, il n’a jamais vu le jour.
Les personnes appréciant le calme choisiront plutôt un itinéraire à l’écart des quelque 20 auberges de montagne pour leur randonnée. Le circuit par le col du Bogartenlücke en est un. Et il se mérite autant qu’il vaut le détour. Le chemin est incroyablement raide et éreintant sur de vastes tronçons, mais jamais exposé. La récompense réside dans l’abondante nature primitive et les vues grandioses.
Le fossé sauvage et romantique de Hüttentobel, avec ses gorges et ses cascades, marque le début. Une fois à Klein Hütten, les muscles sont chauds et la montée est désormais ininterrompue. Le Bogartenlücke forme un passage étroit entre l’alpe Siegl et le sommet Marwees. Il se caractérise par sa grande falaise, évoquant l’un des menhirs portés par Obélix. Côté vallée, le regard plane sur le pays d’Appenzell jusqu’au lac de Constance et à l’Allgäu. Dans l’autre direction, c’est le Säntis qui attire l’oeil.
Le col étroit est l’endroit parfait pour la pause de midi. Quant à la descente vers Rheintaler Sämtis, elle semble presque se faire en volant entre les imposantes parois. En bas, le ruisseau Sämtiserbach inaugure la partie tranquille de la randonnée. L’auberge Plattenbödeli est le lieu idéal pour se restaurer encore une fois, car la fin de l’itinéraire, avec le vallon abrupt de Brüeltobel et la petite route bitumée jusqu’à Brülisau, demandera des forces.