Le fracas du tonnerre se rapproche, devient assourdissant; un sifflement strident retentit au passage d’un train express rempli de pendulaires. Qu’il est agréable de retrouver le silence du petit matin, une fois quittée la gare de Sursee. Un chemin bien balisé mène à travers la forêt de Sursiwald jusqu’au lac pittoresque de Mauesee. Une petite île y abrite le château de Mauensee, dont la première mention remonte à quelque 830 ans. Il est malheureusement impossible de visiter cette propriété privée et son jardin idyllique. Mais quelle belle vue de loin! Le chemin mène à travers champs jusqu’au village de St. Erhard, nommé «Deret» par les vrais Lucernois, puis monte en pente douce sur le Santeberg. Cette jolie chaîne de collines de grès offre une vue grandiose sur les sommets alpins encore enneigés. Difficile d’imaginer que le Santeberg est formé de sable compressé, charrié il y a 22 millions d’années par un grand océan. Près de Kaltbach, des grottes ont été creusées dans le Santeberg. Aussi froides et humides qu’un cachot, elles servent à l’affinage du noble emmental et d’autres fromages. Au prix de quelques gouttes de sueur, les randonneurs découvrent une jolie aire de repos dotée d’un foyer à l’orée de la forêt de Pfarrwald. Le chemin, parfois étroit, parfois large, mais toujours varié, mène à travers bois puis longe prés et champs fleuris jusqu’au point culminant, la colline de Chätzigerhöchi (699 m). Les yeux rivés sur les Alpes de Suisse centrale, on réalise alors: quelle chance de randonner en Suisse! Le chemin descend en étroits zigzags jusqu’à Nebikon, où l’on peut prendre le train pour revenir au point de départ de cette belle journée de marche.