En octobre, dans le Val Bever, l’herbe est brune, les pierres sont grises, parsemées de lichens verts, et le ciel de l’Engadine est d’un bleu profond. Ces couleurs rappellent son pays à Yussif Calderón, un ancien guide de montagne de Bolivie qui travaille aujourd’hui comme médecin en Suisse. Sur le plan topographique, le Val Bever présente aussi d’étonnantes similitudes avec le haut-plateau bolivien. Le Piz Grisch, par exemple, évoque l’Illimani, le sommet qui culmine à 6438 mètres et qui est bien visible depuis La Paz. Alors qu’en été, les randonneurs quittent la gare de Spinas pour se diriger en général vers la cabane Jenatsch, plus tard dans l’année, le chemin passe par le col de Suvretta et rejoint Saint-Moritz. C’est une longue et belle randonnée qui s’effectue le plus souvent au-dessus de la limite de la forêt à travers une région alpine aride. De la gare de Spinas, un chemin peu visible monte d’abord dans les forêts de mélèzes, puis longe le ruisseau Beverin vers Zembers da Suvretta, où le chemin bifurque vers le sud. Il faut alors monter dans la haute vallée Suvretta da Samedan, dont le paysage, la végétation rare et le côté sauvage rappellent la région andine bolivienne. Mais en Bolivie, les Campesinos vivent à plus de 4000 mètres et Yussif Calderón raconte volontiers des anecdotes sur cette population des hauts-plateaux. Du col de Suvretta (2615 mètres), au pied du Julier, la vallée et les imposants sommets de l’Engadine, situés sur l’autre versant de Saint-Moritz, sont splendides. Les montagnes se reflètent dans le Lej Suvretta, un petit lac de montagne qui apparaît juste après le sommet du col. Il ne reste plus qu’à descendre à Champfèr.